mardi 2 juillet 2013

Le Mini-Fastnet, récit par JB

Lundi 24 juin à l'aube, le comité de course de la Mini Fastnet 2013 lâchait la meute en Baie de Douarnenez. Au programme des festivités : passage du Four avec le courant portant, traversée de la Manche, passage entre les iles Scilly et la pointe Sud de l'Angleterre, traversée de la Mer d'Irlande en direction du Fastnet. Contournement du phare et retour directement à Douarnenez. 
La Mini-Fastnet est la course en double sans escale la plus longue de la saison. C'est un mythe aussi. Le phare du Fastnet appelle à un grand respect et pour Jean-Paul et moi-même, il s'agissait d'une grande première. 


Bon départ du 607 "Œuvre du Marin Breton" lundi matin. Navigation propre en tirant des bords en Baie de Douarnenez et dans le Four. A l'attaque de la Manche, nous sommes là où nous le souhaitions par rapport aux autres concurrents et nous pouvons mettre en place notre stratégie pour cette traversée. Au petit matin du mardi, nous arrivons en Angleterre. 
Le mardi a été notre journée noire à bord du 607 : très forts courants contraires mal négociés à la pointe anglaise, manœuvres ratées (spi enroulé autour de l'étai nécessitant une demi-heure pour démêler tout ça), drisse de spi coincée nous empêchant d'affaler et j'en oublie. De 8 ou 9e mardi matin au réveil, nous nous retrouvons 22ème mardi soir. La pillule est dure à avaler mais nous relativisons : la course est encore longue, très longue et il reste du temps pour se refaire. 
A partir de là, nous avons très peu dormi avec Jean-Paul. Nous avons rehaussé notre niveau d'implication et de concentration pour espérer revenir sur nos concurrents dans la pétole en Mer d'Irlande. Sur l'eau, ça se traduit par de nombreuses manœuvres de changement de voile, de matossage pour optimiser l'emplacement des poids à l'intérieur du bateau, beaucoup de réflexion et de discussion sur quoi faire en terme de stratégie. A la fin de nos quarts, nous tombions littéralement de fatigue. 
Nos efforts ont payé puisque jeudi matin à 8h, nous avons contourné le phare du Fastnet en 9e position, 2 heures devant le 10e. Malgré la fatigue, le passage du Fastnet a été un moment euphorique. Certainement l'aboutissement d'un rêve de marin. 
Nous nous sommes vite remis dans le match. Toute la journée de jeudi, le vent est rentré régulièrement pour atteindre jusqu'à 26 nœuds (Force 7). Sous grand spi, puis sous spi médium, le bateau allait de plus en plus vite. Finalement de jeudi midi à vendredi matin, la "descente" vers la France n'a été qu'une succession de surfs interminables se soldant parfois par un enfournement car la mer était très courte. La nuit de jeudi à vendredi a été assez stressante. Un ciel très bas et de la bruine nous empêchaient de voir à plus de 50 mètres, nous sommes passés juste à côté d'un chalutier en l'apercevant au dernier moment. C'était impressionnant d'aller à 15, 16 parfois 17 nœuds sans rien voir. Au final, entre jeudi matin 8h et vendredi matin 8h, nous avons parcouru 217 milles et traversé la Mer d'Irlande et la Manche (rien que ça). 
Nous avons bien géré l'arrivée à Ouessant contre le courant et en passant la ligne d'arrivée vendredi à 18h31, nous terminons à une belle 9e place qui nous satisfait pleinement compte tenu de notre "Black Tuesday". Malgré la fatigue accumulée et le rythme très élevé que nous nous sommes imposés, la "cohabitation" avec Jean-Paul a été parfaite. Bien évidemment en compétiteurs que nous sommes et dans un si petit espace, il y a eu quelques coups de sang mais ils sont anecdotiques en comparaison à notre respect mutuel et à notre plaisir de naviguer ensemble. 
Cette course restera comme étant un grand souvenir pour nous deux. Prochain challenge : la Transgascogne au départ de Port Bourgenay le 27 juillet.